Bientôt un cahier des charges du diagnostic patrimonial

Il faut élaborer un cahier des charges officiel du diagnostic patrimonial. C’est l’une des conclusions de l’expérimentation Effinergie Patrimoine. Les résultats fournissent aussi des pistes intéressantes pour concilier réhabilitation énergétique et préservation du patrimoine. L’expérimentation s’appliquait aux monuments historiques, aux bâtiments inscrits et classés et au patrimoine vernaculaire.

Article publié par www.quotidiag.fr

ATTEINDRE LE NIVEAU BBC RÉNOVATION

L’expérimentation Effinergie Patrimoine a été menée, de 2023 à 2023, avec le soutien financier de l’Ademe, du ministère de la Transition écologique et du ministère de la Culture. Le défi consistait à réussir une réhabilitation énergétiquement performante qui préserve le patrimoine bâti. Le premier enseignement est rassurant. En effet, il est possible de s’approcher voire d’atteindre un niveau BBC rénovation. Mais plusieurs limites majeures sont soulignées :

  • The absence of cahier des charges officiel et partagé du diagnostic patrimonial
  • Le caractère unique de chaque projet de rénovation lié à la diversité du patrimoine
  • L’incapacité à établir des critères objectifs ou une grille d’analyse vérifiable par un tiers

Le groupe de travail Effinergie Patrimoine prévoit donc, notamment, d’élaborer un cahier des charges du diagnostic patrimonial « courant 2023 ».

LES CLÉS DE LA RÉUSSITE POUR RÉNOVER LE PATRIMOINE

Le Groupe Effinergie identifie 6 éléments clés pour réussir un tel projet :

  • Objectif commun
  • Cohésion et échanges : travail d’équipe pluridisciplinaire
  • Compétences, formation, sensibilisation de tous les acteurs
  • Méthodologie unique pour une diversité de projets
  • Importance du diagnostic patrimonial
  • Solutions adaptées en tenant compte des effets produits

L’étude regrette notamment « la logique de cloisonnement des expertises » entre les professionnels du volet énergétique et ceux du volet architectural. « La cohésion de l’équipe projet est un élément indispensable, les différents métiers et profils (…) doivent avancer ensemble. »

BOÎTE À OUTILS POUR COMPRENDRE LE BÂTIMENT

En plus des diagnostics “réglementaires” (DPE, amiante, plomb, électricité, etc.) (…) qui peuvent être réalisés dans le cadre d’un projet de réhabilitation », d’autres études sont recommandées. Liste non exhaustive :

  • Étude historique
  • Diagnostic patrimonial
  • Diagnostic structurel
  • Diagnostic sanitaire, notamment pour le développement fongique
  • Audit énergétique ou étude thermique réglementaire
  • Étude d’approvisionnement en énergie
  • Simulation thermique dynamique (STD)
  • Étude hygrothermique (évolution de l’humidité dans la paroi)…

NORMES ET RÉGLEMENTATIONS

Le guide liste les réglementations existantes à maîtriser : RT existant, arrêté du 22 mars 2017arrêté du 13 juin 2008, dispositif Éco-énergie tertiaire, etc. Ses auteurs déplorent surtout la méconnaissance de la norme NF EN 16883 : Conservation du patrimoine culturel – Principes directeurs pour l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments d’intérêt patrimonial.

Cette norme est d’application volontaire. Ceci explique probablement pourquoi « il semble que dans les faits, peu de personnes, y compris de professionnels des secteurs concernés, la connaissent. Ils sont encore moins nombreux à l’appliquer ».*

VOLET ÉNERGÉTIQUE : MÉTHODES DU DIAGNOSTIC

La notion même de diagnostic peut prendre des définitions et formes diverses : DPE (diagnostic de performance énergétique), audit ou étude thermique, associés ou non à un test de perméabilité à l’air, à des sondages, etc. » Comme l’expérimentation visait le niveau BBC Rénovation, il fallait réaliser une étude thermique réglementaire.

Plus précisément, le niveau de performance énergétique à atteindre était celui du label BBC Effinergie Rénovation, donc 80kWhep/m².an, modulé selon la zone géographique et l’altitude. Même si certains édifices ne parviendront jamais à ce niveau, le but n’est pas inatteignable. Certains y arrivent, d’autres s’en approchent grandement.

VOLET PATRIMONIAL : DIAGNOSTIC

Les caractéristiques du diagnostic patrimonial sont définies dans la loi MOP et reprises dans le Code de la commande publique. Cet état des lieux aide le maître d’ouvrage à prioriser les actions à mener. « Trop peu souvent présent, incomplet et constituant pourtant la base du projet de réhabilitation, le diagnostic patrimonial a focalisé l’attention dans le cadre de l’expérimentation ». Même si aucun texte réglementaire ne définit clairement son contenu, il doit inclure au minimum ces éléments :

  • Présentation de l’opération, description du contexte et de l’édifice ;
  • Étude historique avec datation ;
  • Analyse architecturale ;
  • Analyse patrimoniale et critique d’authenticité ;
  • Étude sanitaire ;
  • Campagne de sondages.

En amont, il nécessite des relevés pouvant être réalisés avec scan 3D, et des déplacements sur site. Il aboutit à un état de référence pour identifier les éléments à préserver absolument.

POINTS DE VIGILANCE

Concernant la gestion de l’humidité, « le constat est sans appel : ce sujet n’est pas suffisamment pris en compte ».  L’étude détaille enfin un certain nombre d’autres points d’attention pour ce patrimoine. Citons, pêle-mêle, les  parois vitrées et menuiseries, le réemploi dans le cadre de l’économie circulaire, l’isolation des parois opaques, la perméabilité à l’air du bâti, le confort d’été, l’accessibilité, la QAI (qualité de l’air intérieur), la résistance au feu…

Bref, allier rénovation énergétique et préservation du patrimoine, c’est compliqué mais ce n’est pas une mission vouée à l’échec. L’aventure continue et le Collectif Effinergie travaille à une solution pérenne pour les professionnels.

Pour en savoir plus et connaître tous les détails de l’expérimentation, découvrez le guide de retour d’expérience de l’expérimentation Effinergie Patrimoine.

* Les invités de la table ronde consacrée au DPE et au patrimoine insistaient aussi sur l’importance de cette norme. Deviendra-t-elle d’application obligatoire ?

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