Le bien nommé HOTSAT-1 est un satellite britannique conçu pour identifier les bâtiments les moins bien isolés partout sur terre. Il doit également mettre en évidence les îlots de chaleur urbains, et faciliter la surveillance de la pollution. Mais selon la start-up qui l’exploite, il sert d’abord à repérer les passoires thermiques, puis à s’assurer de la qualité de la rénovation après travaux.
Article publié par www.quotidiag.fr
AMÉLIORER L’ISOLATION DES BÂTIMENTS
HOTSAT-1 commencera par s’intéresser aux villes de son pays natal, le Royaume-Uni. Celui-ci possède l’un des parcs immobiliers les plus énergivores en Europe. En effet, les logements britanniques ont majoritairement été construits avant 1970. Le satellite permettra de recueillir les données thermiques pour orienter les rénovations énergétiques. Le but est d’abord d’identifier les logements classés DPE G, à partir des fuites de chaleur, y compris hors transaction immobilière. Les cartographies permettront aussi de montrer l’évolution du parc de logements au fil du temps et des rénovations. L’objectif final est d’aider le pays à atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.
CONSTELLATION DE THERMOMÈTRES
Mais l’entreprise prévoit de faire voler 8 satellites pour former « une constellation de thermomètres dans le ciel ». Elle a également reçu des engagements financiers de pays étrangers intéressés par le dispositif. En outre, d’autres manières d’exploiter HOTSAT-1 ont été évoquées. Par exemple, il repérerait les structures qui amplifient les ilots de chaleur. Les urbanistes pourront ainsi mieux cibler les zones où des espaces verts sont prioritaires. Enfin, il renseignerait sur le niveau de pollution et la qualité de l’air pour guider les actions des politiques publiques. En résumé, il doit aider l’ensemble des acteurs privés et publics dans la voie de l’efficacité énergétique et climatique.
COMMENT FONCTIONNE HOTSAT-1 ?
L’engin spatial a été fabriqué en partenariat avec l’entreprise Surrey Satellite Technology Ltd (SSTL). Il possède un capteur infrarouge de haute précision, développé avec des fonds provenant des agences spatiales britanniques et européennes. Sa résolution permet une vue aérienne infrarouge des toits et des murs des bâtiments. Il peut détecter des caractéristiques dynamiques et créer des profils en 3D. Ses potentielles applications sont donc nombreuses : mesure de l’efficacité énergétique, surveillance de la pollution des cours d’eau ou de l’impact de l’activité humaine sur la planète, etc.
UN OUTIL THERMIQUE AUX UTILISATIONS INCERTAINES
HOTSAT-1 a été lancé depuis une base spatiale située en Californie, le 12 juin 2023. Actuellement, il vole à une altitude de 500 km, en orbite basse. L’Ordnance Survey, équivalent de l’IGN français, dispose d’un accès rapide aux données pour en faire des cartographies. Les premières images devraient être disponibles dès le mois de juillet. Sa commercialisation est prévue pour l’automne. Même si les objectifs annoncés sont vertueux, des médias britanniques et européens s’inquiètent des usages futurs du satellite. En effet, HOTSAT-1 pourrait servir à faire de l’espionnage militaire, à partir de la chaleur produite par les usines.